Derrière le jeu de nos enfants se cachent beaucoup de signification. C’est pour cette raison que « Jouer à la poupée, à la dinette, nettoyer, jouer à téléphoner… » sont appelés par Jean Piaget, connu pour ses travaux en psychologie du développement, des « jeux symboliques ». C’est donc tout un symbole !
Pour les spécialistes de la psychomotricité, il ne fait aucun doute que les jeux de nos enfants ont une place importante dans le développement de l’enfant car la pratique de son activité est essentielle dans la construction de la fonction symbolique, de l’intelligence et de l’apprentissage scolaire. En maternelle, les enfants rentrent dans ce que les spécialistes appellent « une fonction symbolique ».
Quand ils sont tout petits, ils commencent naturellement à développer cette fonction symbolique en mimant les parents, en reproduisant les événements du quotidien du foyer famillial… Tout ce que papa, maman font, ils veulent faire !
A quoi cela sert ?
Le jeu symbolique permet d’imiter l’environnement dans lequel évolue l’enfant. Les symboles leur permettent d’exprimer les choses absentes.
Les enfants peuvent alors :
- se représenter ce qui va arriver (maman va arriver)
- prévoir que quelque chose peut arriver (si je tape, je suis puni)
- anticiper ses actes (s’il appuie trop fort sur le feutre, la feuille va se déchirer),
- planifier ses actions (je regarde la forme du morceau de puzzle avant de le mettre à la bonne place)
- imaginer la suite d’une histoire
- contrôler sa frustration.
Un rôle essentiel dans le développement de l’enfant
A la crèche, le « jeu symbolique » ou « jouer à la poupée », ou encore « à la dinette » et bien d’autres jeux encore qui sortent de l’imaginaire de nos enfants, devient un véritable support pédagogique.
Le jeu symbolique permet à l’enfant d’exprimer ses émotions, de prendre du recul par rapport à une situation, d’enrichir son langage, d’affirmer sa personnalité, mais aussi de développer sa motricité fine. De ce point de vue, jouer à la poupée n’est plus innocent et sans conséquence.
Cela lui permet de mieux comprendre une situation, de s’exprimer et donc de mieux gérer son état émotionnel : sa tristesse, sa joie, sa colère… etc Le jeu symbolique a donc un pouvoir cathartique qui permet à votre boutchou d’extirper ce qu’il a au fond de lui.
Par exemple, en jouant à la poupée, il prend du recul sur la situation, il fait évoluer la poupée comme il le souhaite, il lui donne à manger, à boire… il décide de ce qui est bon pour la poupée et c’est ça qu’il aime !
Le fait de déshabiller et rhabiller une poupée lui permet de mieux manipuler les objets qui l’entourent. Par ce biais, ils développent ainsi leurs langages, la socialisation, l’imitation, l’empathie… tout autant de fonctions symboliques. De manière globale, ces comportements commenceront à émerger vers l’âge de 2 ans.
Des jeux faits pour les garçons et les filles
Partant de ces observations, les jeux de poupée ne sont pas faits que pour les filles. Et non ! Les filles ne sont pas les seules à aimer nourrir, laver, promener… la poupée. D’après de nombreux experts, plus les expériences sont variées et libres, sans pression, plus elles sont bénéfiques pour les enfants.
Les bénéfices de jouer à la poupée sont ainsi identiques pour les garçons, car cela leur permet de se mettre à la place de papa, maman, la nounou… d’avoir la possibilité de rejouer le quotidien et de faire évoluer son jeu en fonction de son envie et de son imaginaire. Il ne faut donc pas s’inquiéter que votre petit garçon joue au poupon comme les filles le font.
Avant 18 mois : le jeu avec les figurines
Suivant le développement de votre enfant et d’une manière générale, les jeux seront différents suivant leur évolution et leur motricité. Dans les jeux symboliques, les figurines sont incontournables. Que ce soit des légos, des animaux, des humains, ou des décors…les enfants adorent ces jeux.
Avant 18 mois, les bébés ne font qu’explorer leur environnement. Ils ne représentent pas encore de manière « réelle » les jouets. Ils auront tendance alors à les prendre et les mettre à leurs bouches. Il faut donc prendre garde à ce qu’ils ne soient pas trop petits pour qu’ils puissent les ingérer.
Il n’en reste pas moins apprécié par les enfants car les bébés apprécieront leurs caractéristiques sensorielles et manuelles : ils aimeront les toucher, les faire glisser, les tordre ou les faire tenir debout pour les plus adroits 😉
C’est auprès d’un adulte que la figurine prendra une fonction symbolique car les figurines mis en scène et racontées par un adulte l’aidera à développer son langage et sa curiosité.
Entre 18 et 24 mois : le jeu d’imitation et le dessin
S’occuper de sa poupée, préparer un gâteau, faire le ménage, planter un clou… les enfants aiment jouer à faire semblant ! Ils reproduisent ce qu’ils ont vu et entendu.
Imiter maman, papa, quand ils font « bravo », « coucou » ou « au revoir » sont des imitations directes parce qu’ils viennent de voir le geste se faire.
Pour les psychologues, quand ils imitent, les enfants se rappellent ce qu’ils ont vécu, et reproduisent ce qui est absent. Ils utilisent ce que les experts appellent « la pensée symbolique » qui émerge de leurs mémoires.
Comme le confient de nombreux experts, au départ, ils le reproduisent sur eux-mêmes « ils feront semblant de manger, de se coiffer… etc » puis ensuite, ils l’appliqueront sur les jouets comme le nounours, la poupée, la figurine… Ils s’amusent alors à faire manger son ours en peluche, le poupon… etc Ils ont compris à ce moment là que l’objet continue d’exister dans leurs « projections mentales » même s’il n’est pas là.
Le processus d’imitation démarre donc vraiment à cet âge. Les jeux d’imitation sont déclinables à l’infini. De la dinette, du déguisement de la princesse à la malette de docteur, plus ils sont réalistes, plus ils aimeront les utiliser. Selon les experts, il faut même ne pas hésiter à montrer les vrais objets en prenant des précautions sur leurs sécurités et leurs conformités.
Au début, les jeux d’imitation sont très centrés sur son quotidien : le repas, le sommeil et le bain. Ils n’ont pas forcément besoin d’objets sophistiqués : la bouteille, le seau, la cuillère en bois, les cartons… etc
Les jeux symboliques se classent donc en trois types : les jeux de rôle avec la cuisine, la dînette, la nurserie (poupon, baignoire, biberon etc.), les activités ménagères, l’atelier de bricolage et tous les déguisements. L’enfant les utilise pour imiter des personnes, des animaux, des situations, des événements qu’il a observés dans son quotidien.
Pour finir, parmi les jeux symboliques de cet âge, il y a le dessin. A 2 ans, l’enfant n’aura pas forcément d’intention pour représenter parfaitement ce qu’il voit. Non il n’est pas encore un Picasso à cet âge 
Le dessin lui permet simplement de faire bouger son bras et de contrôler sa main, puis de percevoir ce qu’il a fait avec sa main ou son bras.
Puis un jour, il prendra conscience de son dessin quand un adulte lui a posé la question. Il prend alors conscience que le dessin ressemble à quelque chose. Il lui donnera une signification à son tracé. A ce stage, on y verra ce qu’ils représentent mentalement et leurs intentions.
Entre 3 ans et 5 ans : jouer à faire semblant
Entre 3 et 5 ans, les enfants jouent souvent à faire semblant. Ils jouent à passer des appels, d’être au volant, cuisiner un gâteau… L’enfant se mettra dans des situations un peu plus complexe. A cet âge là, les enfants se servent des objets de manière de plus en plus symbolique dans leurs jeux.
Les jeux symboliques lui permettent de contribuer à son développement et ainsi de :
- développer son autonomie, sa débrouillardise, sa confiance en soi et sa capacité à prendre des initiatives;
- utiliser son imagination et de se créer des univers de jeux;
- améliorer sa capacité à contrôler ses gestes et ses émotions;
- renforcer ses habiletés sociales;
- mettre en pratique ses apprentissages;
- se préparer à apprendre à utiliser d’autres symboles, comme les lettres et les chiffres.
Par exemple, lorsque des tout-petits jouent à la chaise musicale, un seul enfant à la fois peut prendre la place de la chaise. En attendant leur tour pour être sur la chaise, les autres doivent trouver comment faire pour prendre la place au bon moment : ils exercent ainsi leurs réflexes et apprennent à réfléchir avant d’agir.
Comment favoriser le jeu symbolique chez votre enfant ?
- On ne cessera de le dire, jouer librement ! Pas d’horaire à l’activité. Le temps libre lui servira de s’imaginer et d’inventer de nouveaux jeux.
- Laisser à sa disposition du matériel polyvalent : boites de cartons, rouleau de papier essuie tout, chiffons , draps… pour laisser place à son imagination. La boite de carton devient une maison… Cela lui permettra de mettre à profit tout le pouvoir de son imagination.
- Laisser le temps à votre enfant de développer son jeu et d’explorer les différents rôles de scénario. Il lui arrivera de répéter le jeu pendant quelques jours.
- Au besoin, proposer lui d’autres idées pour son jeu. Vous pouvez lui suggérer sous formes de questions ouvertes pour qu’il puisse imaginer différemment le jeu. Par exemple : avec quoi ta maison pourrait-il être construit ? Est-ce que tu veux inviter tes amis dans ton jeu ? Quels rôles ont-ils ? Evitez de décider de la tournure du jeu, cela lui permet d’être plus créatif au fil du temps.
- Si il est moins imaginatif, proposez des éléments de déguisements plus spécifiques : un tablier, une cuillère en bois, une casserole… Les accessoires l’aideront à se concentrer et de garder en tête le rôle qu’il a.
- Lui laisser à sa disposition un coffre entier de déguisements et d’accessoires pour qu’il puisse s’inspirer et imaginer ses jeux.
- L’aider à observer ce qu’il l’entoure lorsque vous sortez. Le restaurant, le boulanger : faites lui comprendre ce que c’est et ce qui le définit. Vous l’aidez à rendre plus complexe les scénarios. Quand il va jouer au serveur ou à la serveuse, il se rappellera qu’il faut un stylo et un bloc et des clients.
Tous les jeux symboliques sont d’excellents moyens de voir leur imagination, leur langage et leurs comportements, leurs gestes faces aux différentes situations du quotidien. Plus ils sont libres, plus ce seront pour eux une superbe façon de laisser place à leur autonomie et à leur créativité.
